~¤~ L'arrivée d'une ombre nouvelle ~¤~

[pardon pour le retard :^o^': ]

Plus qu’entreprenant, ce drow la fascinait. Un nœud s’était formé dans sa poitrine, l’empêchant d’appeler de l’aide. Etait-ce sa volonté qui s’était évanouie ou attendait-elle autre chose ?

Lénaëlle fronça les sourcils, puis trouva en cet être une désinvolte attitude. Vertueuse, elle ne cilla pas et essaya de cacher ses jambes tangibles. La tête haute, elle ne tenta pas de s’enfuir. A quoi cela aurait-il servi ? Elle s’était jetée elle-même dans la gueule du loup, et aucune issue ne semblait lui être présentée en dernier recours.

Peu à peu, cette boule d’anxiété se dénoua, et elle déclara enfin d’une douce voix :

« Vous vous montrez fort insolent. Est-ce votre manière d’accueillir les gens ? N’étant non rancunière, je me dois de me présenter … Je me nomme Lénaëlle, ménestrel à ses heures perdues. »

Elle ne répondit pas à ses questions, témoignant d'une distance certaine à son égard. Sa dignité n’était plus dans ses priorités. Elle craignait un geste déplacé de son adversaire, et resta aux aguets. Nerveusement, elle se frictionnait les mains. Qui était-il ? D’où venait-il ? Cet inconnu avait maintenant un nom : Hikage Ban… Elle inscrit ces quelques mots dans sa mémoire.

Quelle entité la possédait-elle pour qu’elle n’ait pas tenter de s’enfuir ? Paralysée, consciente de sa vulnérabilité et de sa fragilité : tant de raisons qui auraient du la pousser à fuir, au lieu de rester immobile, face au Drow inquiétant…

Lénaëlle en eut le souffle coupé ! Quel culot tout de même ! Elle se mit un peu en retrait et croisa ses bras sur sa poitrine. Elle ne montra pas de signe de révolte mais rétorqua d’une voix neutre :

« Quelles sont vos réelles intentions ? Je suis certes fragile, mais j’ai plus de courage que j’en ai l’air ! »

Non seulement il était d’une impudence sans égal, mais son obsession qu’il portait à ses ailes soulignaient un égocentrisme hors du commun. Elle ne baissa plus les yeux et les planta dans ceux d’Hikage Ban…

Crispée, son souffle se fit court. Lénaëlle sentait de plus en plus les effets du vent frais sur sa santé. Elle s’emmitoufla plus vigoureusement dans sa cape et garda son attention sur l’autre Drow. Qu’entendait-il par « être tentante » ? Plus cette question se répétait dans sa tête, plus elle se sentait sans espoir.

Son heure avait-elle sonnée ? La Belle trépignait sur place, pour éviter que ses membres ne s’engourdissent. Elle lâcha une autre réplique, qui fut balayée par le vent :

« Ne me faites pas attendre… J’attends votre réponse ! »

La jeune femme fut prise de sueurs froides… Mauvaise augure, un corbeau venait de passer. La nuit ne s’annonçait pas des plus tranquilles. Lénaëlle, surprise, par le rapprochement d’Hikage Ban, ne bougea toujours pas, comme ancrée dans le sol. Le contact de son front sur le sien la paralysait d’autant plus.

La cape glissa le long de sa taille sans qu’elle ne put la retenir. Il fallait éviter tout mouvement. Mais c’en fut trop et elle se dégagea du drow menaçant. Elle ramassa son bien, certaine que son agresseur riposterait de plus bel. Elle respira profondément pour retrouver son calme et refit face à Hikage.

Elle prit un ton tranchant, témoignant plus du mépris que de la crainte et lui lança au visage :

« Ma patience a des limites… Sachez, monsieur, que vous m’importunez !! Je n’ai guère le temps de satisfaire vos envies ; il y a des maisons prévues à cet effet ! »

Pourquoi avait-il fallu qu’elle s’arrête quelques minutes auparavant ? Elle aurait pu éviter le pire… En colère contre elle même, contre sa faiblesse d’esprit, Lénaëlle éprouva beaucoup de confusion.

Elle demeura silencieuse,sceptique et veilla à garder ses distances. Elle ne pourrait pas partir tant qu’il n’aurait pas quitter les lieux.

*Bon sang … mais qu’ai-je fait pour me retrouver dans ce pétrin ? Voilà pourquoi je hais les mâles, tous autant qu’ils sont… rustres, bestiaux et pervers… et celui-ci en est l’archétype même,avec une touche de sadisme en plus !!*

Lénaëlle remit sa cape sur ses épaules pour mieux combattre le froid qui lui cinglait le visage. La nuit était tombée depuis bien longtemps sur le port, et la mer n’était plus qu’une épaisse mare d’encre noire, dans laquelle se réfléchissaient quelques étoiles…

Citation :

« Finalement, peut-être que si tu n'as pas déjà fuit c'est sûrement c'est que tu attends ça au font de toi aussi. "

Lénaëlle crut qu’elle allait entrer dans une colère ravageuse. Comment osait-il ? Elle était vierge depuis près de 150 ans et comptait bien le rester… tout simplement parce qu’elle avait connu une satisfaction beaucoup plus grande dans l’amour spirituel. Le plaisir de la chair n’était fait que pour les gens de bas-esprit, les idiots.

La ménestrelle n’avait pas opposé de résistance, car sa raison était revenue. Elle avait toujours agi de manière fataliste, et acceptait son destin. De plus, elle n’aurait pas aimé offrir le plaisir de cette lutte vaine à son agresseur.

Elle sentit de grands bras l’étreindre, l’enserrer comme les griffes acérées d’un rapace. Elle n’émit aucun son. Lénaëlle se contenta de fermer les yeux, en fronçant les sourcils lorsqu’il la plaqua un peu plus contre son torse. Se résignait-elle ? Hum… difficile à dire, que pouvait-elle faire d’autre?

Ses anciennes peurs refaisaient surface… la peur d’être enfermée, la peur d’être humiliée. Elle avait fait abstraction de tous ces fantômes, mais la situation les avait réveillés. Elle ne les avait pas oublié, juste enfoui. Sa cage thoracique se souleva, son cœur battait à tout rompre lorsqu’elle entendit des cris et des flèches zébrer le ciel.

Avec ironie, elle ajouta :

« Ne me parlez pas comme à une enfant. Je suis en âge de comprendre certaines choses voyez vous !! Et personne ne me connaît ici ! Je doute fort que ces mécréants soient là, juste pour satisfaire leurs besoins primaires. Ils en veulent à nos vies ou à nos bourses… »

Elle n’était pas née de la dernière pluie non plus. Il la tenait toujours fermement, et doucement elle récupéra un peu d’espace. Ça lui importait bien de mourir, c’était son destin. Cette philosophie n’était qu’un pâle reflet de ces années d’errance et de solitude. Elle souhaitait que la mort la ravisse au seuil de sa vieillesse. Mais ce souhait était un caprice, elle le savait bien. Lénaëlle le gardait donc au fond d’elle.

Elle tourna sa tête vers le Drow et lui demanda sèchement :


« Je ne comprendrai jamais les mâles, surtout ceux de notre race… (c’est une demie drow)… N’avez-vous jamais goûté à une toute autre sorte d’extase ? »

L’air songeur, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas affaire à un rustre sans raison. Il était peut être insolent et téméraire, mais il possédait une certaine élégance et un sens du jeu hors du commun. Elle émit un rire grinçant, puis s’enveloppa de nouveau dans sa lourde cape de velours. Le froid était vraiment fatigant, et elle bailla discrètement.

Elle se frotta les paupières, puis répondit d’un ton las :

« De toute façon, même si vous aviez eu l’idée de me violer, je n’aurais opposer aucune résistance. Le froid aurait eu raison de mon état, et vous auriez pu satisfaire toutes vos pulsions… Mais je doute forte que cela aurait exciter votre désir . Il est bien plus plaisant de se rendre maître d’un pucelage, lorsque la fille est farouche et pudibonde … »

Mais que lui arrivait-il? Ce sadique déteignait sur elle, et sur ses propos !! elle ne se reconnaissait plus. Se jetait-elle en pâture au loup ? Lénaëlle était lasse. Elle vait besoin de changement, d’aventure et de trivialité ! C’est bien pour ça qu’elle avait mis les voiles pour Fédéris.

La mine maussade, ses yeux se voilèrent d’une étrange brume. Un vertige la saisit et son souffle se fit de nouveau saccadé. Elle n’arrivait plus à articuler ne serait ce qu’un mot et tomba à genoux, se prenant la gorge entre les mains. Pâle, l’œil alerte, elle respirait bruyamment, ponctué de sifflements.

Allait-il l’aider ? Elle n’espérait plus rien. Après s’être montrée cinglante et froide à son égard, il prendrait sûrement grand plaisir à la voir crever. Plus rien ne lui importait, et comme par réflexe de survie, elle suffoquait presque. Ses bras se plièrent, et elle s’affaissa sur le sol humide…

*Foutue santé… Quelle pitoyable créature je fais !!*